Rappelez-vous le film « Le Chant du Loup », d’Antonin Baudry, sorti en 2019. Comme beaucoup, je suis allé le voir au cinéma (c’était la belle époque où personne ne se posait de questions avant d’aller s’enfermer dans une salle sombre à côté de parfaits inconnus, le tout sans même penser à porter un masque…) et, hier, je l’ai de nouveau visionné.

Une autre facette de la France, rarement montrée au grand public

Je reste toujours sur mes premières impressions, à savoir, un excellent, brillant début, une trame intéressante qui montre les dilemmes moraux auxquels peuvent être confrontés des êtres de chair et de sang dans l’exercice de leur mission extraordinaire (la dissuasion nucléaire et la chasse sous-marine), et une description splendide du domaine de l’identification sonore (les fameuses Oreilles d’Or de la Marine, que c’est fascinant !), mais aussi un certain irréalisme dans les rapports hiérarchiques au sein de la structure sous-marine (certaines scènes me semblent complètement lunaires tant le rapport hiérarchique entre un premier-maître et un vice-amiral d’escadre (quatre étoiles quand même !!) me semble irréaliste, au même titre que le comportement dudit Premier-Maître qui quitte son poste en plein milieu de l’action…), ou encore l’impossibilité technique de certaines scènes (abattre un hélicoptère en mouvement avec un lance-RPG sur un bâtiment maritime en surface… ; pas de narcose des profondeurs pour le héro qui sort du sous-marin à près de 200 mètres de profondeur, et remonte sans aucun palier de décompression ??).

Bref, il y a du bon et du moins bon dans ce film. Je préfère pour ma part retenir l’audace du réalisateur Antonin Baudry d’avoir produit un bon film sur le monde compliqué de la guerre sous-marine. C’est difficile à faire, et seuls les Américains s’y osent régulièrement. Bravo à notre réalisateur français, mais également à la Royale, d’avoir produit ce film.

Mais en regardant les bonus du Blu-Ray, je suis tombé sur une interview des acteurs Matthieu Kassovitz et Omar Sy. Même si elle reste assez superficielle – on sent clairement à quel point l’univers sous-marinier est éloigné de l’environnement habituel des deux acteurs, et, quand on connaît un peu la personnalité de Kassovitz, le voir reconnaître du bout des lèvres à quel point ce monde peut être fascinant correspond à un véritable éloge, un peu à contrecœur, de cette marine dans la marine – j’ai été frappé par plusieurs remarques des deux acteurs sur le fait qu’il leur avait été agréable de jouer le rôle de héros sauvant le monde. Pour faire simple, les deux compères soulignent qu’ils étaient fiers de se glisser dans la peau de deux officiers français qui essayent par tous les moyens, y compris au péril de leur vie, de sauver le monde de l’apocalypse nucléaire. Pour une fois, ce n’est ni l’Amérique, ni l’Angleterre, la Chine ou la Russie qui tiennent ce rôle, mais notre bonne vieille France.

Car, pour ceux qui l’auraient oublié, nous sommes l’une des rares nations au monde à posséder l’arme nucléaire, qui plus est sous forme de vecteur sous-marin. On pourra dire ce qu’on veut, protester contre le coût exorbitant de ces machines extraordinaires que sont les sous-marins SNLE ou SNA, fustiger l’emploi de l’arme nucléaire, se poser en défenseur de la paix du monde qui ne laisse aucune place à autre chose que les paroles sirupeuses, pleines de bonne volonté mais totalement déconnectées du monde dans lequel nous vivons, c’est précisément grâce à ces vecteurs de dissuasion que nous pouvons vivre en paix aujourd’hui. Je dirais même plus – comme l’auraient dit les Dupond/Dupont – avec le risque de déflagration militaire qui augmente partout dans le monde, ces engins sont une carte maîtresse dans la main des politiques français. C’est grâce à elle que nous pouvons/pourrons tenir à distance les appétits expansionnistes des néo-tyrans de ce monde (je ne cite personne, mais suivez mon regard…).

Mais surtout, Omar Sy et Matthieu Kassovitz ont souligné indirectement, tout comme je l’ai fait plus directement dans Pandémie, et comme l’ont souligné de nombreux lecteurs, que nous, Français, ne sommes pas un peuple tout-à-fait comme les autres. Nous avons, nous aussi, la capacité de sauver un jour le monde. Ou du moins, de participer activement à son sauvetage. Nous ne sommes ni plus, ni moins intelligents que les autres peuples, mais nous sommes des combattants dans l’âme depuis la Gaule ancienne, notre histoire est faite de conflits, même si nous recherchons avidement la paix, ce qui est dans la nature humaine.

A l’aune de l’étude de l’Histoire, il est clair, quelle que soit la civilisation, que la guerre est malheureusement l’état normal du monde, et la paix une exception. C’est triste, cela peut paraître cynique, mais c’est une constatation factuelle. Il n’y a aucun jugement de valeur derrière ces mots, et encore moins une quelconque forme de légitimation de la guerre, mais rappelons-nous simplement le concept de la paix armée évoqué par l’auteur romain Publius Flavius Vegetius Renatus (Vème siècle après JC, c’est-à-dire contemporain de la Chute de l’Empire Romain), parfaitement illustré par « Le Chant du Loup » :

« Si vis pacem, para bellum »

« Si tu veux la paix, prépare la guerre ».

Dans ce contexte difficile de montées des nouvelles ambitions géostratégiques, de révision des alliances traditionnelles, de la mise en place d’un monde multipolaire qui apporte son lot de changements, de doutes, de risques mais aussi d’opportunités, nous Français avons et aurons un rôle à jouer, malgré notre « petite taille ».

Le Chant du Loup, tout comme Pandémie 1 & 2, sont là pour rappeler que la France n’est pas dépourvue de crocs et de griffes…

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